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LA TABLE DE CENDRES

(HAUTSARREN MAHAINA)

 

 

 

Inna Maa’mura

 

 

 

 

 

1.   BACTRIANE                                                           

 

           

 

Les portes de la mansuŽtude ou le subconscient. Sous la tente par-delˆ lĠOural. Elle cisle lĠŽlŽgance orfvre des songes o passe la peinture de Rogier Van der Weyden. La Barbarie, Thbes. Rendu ˆ quelque hypothse dĠE–aut Etxamendi, jĠenseigne des latitudes. Elles recouvrent le centre obscur. DŽsespŽrer des sciences, des luxes, des croisements et des soies de lĠantŽrioritŽ.  Car sĠŽteignent un ˆ un les derniers feux de rŽvŽlation. Cette barbarie sous ton pied oubliŽe. Altamira Malta Tchoukotka. Des pays de steppes o le fleuve se nomme "fleuve", le glacier "glacier". Les strates se compressent dans le toponyme ; sous mon feutre les immensitŽs circumpolaires et les cimes enneigŽes.

Sa pure lumire est de sombre Žnergie. Invention des tendresses europŽennes, des sŽpultures disco•dales. Sa radiance creuse le lit Žpars des Volga, Ebre, Isre. Elle ouvre la fibule hongroise, la parole et lĠincision filiforme des parois aveugles.

Sous lĠordre pauvre des bŽatitudes.

 

 

 

 

 

 

 

2.   SAISKA

 

 

 

Ce nĠest rien quĠun peu de monde. Le rve abyssin, la fonte le fer, le dŽsir face ˆ la mer. Il y a quĠon sĠenclave dans lĠhumanitŽ du meurtre et de la solitude. Les vents bleus que se renvoient et le ciel et lĠocŽan ; bataille perdue des reflets et la contemplation des coups. Le rve thŽurgique des villes assaille ma thŽorie. La rŽsolution des dŽserts nĠa ni clef ni formule ; ici cĠest un rgne dĠoiseaux larges et de haut vol, trempŽs pour lĠŽpoptie : spirales et parades occasionnent un grand Nord pour cela qui reste de lĠhomme.

Car il y a aussi des aŽronautes chanteurs - la mŽlodie des sŽductions latŽralesÉ

La roche et la roche, raides et noires sĠastreignent au labeur du bloc brut de la mer. Sur la paroi lisse, cĠest lĠaveugle Îdipe suspendu ˆ lĠ‰ge qui le ronge. Que faire de lĠimpermanence qui arrache et explose toute tentative sereine ? Entrevoir dans les pins la clartŽ douteuse dĠune lune dĠune Žtoile nĠy suffit pas.  LĠŽternitŽ nous disloque, ni jeu ni danse dans les marŽes changeantes. Mme si on se vt comme une fille le soir de rouge, ou que nus ˆ lĠ‰ge dĠinnocence on sĠŽtende dans le sourd silence de lĠŽtang maritime, lĠŽternitŽ nous disloque, la vague dŽtruit ce quĠon assemble. LĠenivrement de ce que dŽfaire la chevelure touchante du bloc mortel de la mer a dĠaimable, submerge en nous. En nous chavirent les montagnes et les dŽsirs. Les navires de fonte ignorent tout de nous ! Il est trop t™t pour dire entre la cuisson et le cafŽ quĠils nous ont peint en bleu et bleu brillant  – les goŽlands. On se couche dans les couleurs de la roche et dort.

Trop dĠennui : il part voir la mer.

 

 

 

 

 

 

 

3.    GƒOGRAPHIE FUNƒRAIRE    (HIL-HERRIA)

 

 

              

En sursis comme les morts, les vivants ont besoin dĠun dŽcor. Deux bouleaux alŽatoires surgissent des graminŽes – tolŽrance du champ solaire. LĠantiquitŽ de lĠAntiquitŽ sĠŽpuise ˆ lĠidentique thމtre bleu de sueur. Le sang nĠest jamais loin. Personne ne joue plus la bouche ouverte ni closes les lvres ne gardent le secret vŽnŽrable. La mort est biopsie. Le sang exact – dans la plus pure machine.

               JĠai vu des rixes de chiens sur la rive dĠun fleuve plus jaune que la Chine plus ancien que lĠ‰me. JĠai vu dans leur rire la provision de miel qui rŽinvente les saisons. LĠont-ils volŽ ˆ Manex MŽlissŽe qui baise dŽvotement ses abeilles avec la passion dĠun mort pour lĠŽternitŽ ? La gourmande se lche sur lĠŽclat de sa lame. On a tant dit de lĠobscne. Qui devant nous parle le langage des Morts ? O voyons-nous les nŽcropoles fleuries des civilisations ? Mon cÏur – je tĠen prie – va dans la plaine archŽologique, file lĠescampette et le large Žcheveau loin des troisimes voies na•ves, rejoins le dŽbarras de la mer, le destin quĠon embrasse. La nuit obscure, la spirituelle simagrŽe, le change dĠOccident. La fascination mortelle inspire la Muse et puis celle quĠon enlve sur sa vache. ï lĠextrme rŽdemption des murs et des barrages !  Va ! puisquĠon voit prŽcisŽment disposŽ le cube blanc sur la terre indiffŽrente. JĠaimais le toonoo et lĠoboo des steppes, les raz-de-marŽe, les chevauchŽes de Gengis Khan dŽferlant sur la mathŽmatique urbaine.  Char tirŽ par huit cents bÏufs !

               LĠart contemporain et la mort sont dĠessence divine. CĠest une lumire fatale qui nĠŽclaire rien du nŽon. La bo”te blanche, violente, nue dans les hŽlianthes fournit le motif eidŽtique de lĠhŽgŽmonie. Les placards vides aux croix carrŽes, encore anonymes, attendent une abstraite depositio. Bouleaux et bŽton distendent lĠŽcart et le lien funŽraires. Bunker, hautes herbes, comment dire la chose intŽgrale ? De lĠabandon sauvage ˆ tre il exhale une ambigu•tŽ extrme, des parfums nonchalants et orthodoxes, des vapeurs moites.

               Virginale, outrageusement maquillŽe de blanc, la quadrature se signe. JĠenduis ses lvres de miel. Telles quĠelles sont, disco•dales, les mŽmoires mortes de ce jardin. Est-ce un tombeau, est-ce un vide, une irradiation ? De quel Prince est-ce la louange anxieuse, rayonnante ? Le "pays du soleil noir"  a-t-il ˆ voir avec lĠŽclatante victoire du nome ? On dit lˆ-bas quĠil existerait toujours, en haut dĠune montagne, un sanctuaire de pierres sombres ˆ demi enfoui. Je mĠinstruis de sculpture, de livres bon marchŽ. Je cherche lĠindicible raretŽ sous la pluie noire, une bte inconnue de tous, un nemeton de bouleaux noirs. Un instant interdit – hŽlas : tout finit en ic™ne atroce – les lvres dĠhuile du pome pour pleige : (ne pas les voir) sĠŽteindre, les paupires les blafardes.

 

 

 

 

 

 

4.   JAI JAUN

 

 

 

Un ŽtŽ, suffisamment sobre, Žclatant, jeune. LĠŽpure moderne trace des cosmogonies. Abstractio mundi.  Ce sont des cartes, des Žmouvantes rectilignes. La tragŽdie circonscrite. Le lieu a lieu. Ë ciel ouvert, une Žglise, un champ de mort bleutŽ dĠun ciel seul qui ressemble ˆ une idŽe. Jai Jaun, sorti du chaos, joue le tout par lĠentremise des Enfants-aux-Bouches-Closes. Une initiation anachronique prend vie. Il enseigne la crevasse orphique ; la balle hŽliaque dŽcide et tue. Des bouleaux, ai-je cru voir partout en bordure de monde : cimetires et places vides. (Urki, te souviens-tu, le chien de MŽlissŽe ?)  LĠellipse rayonnante de lĠart funŽraire contourne une Žlision. Stles et frontons et les antiques quasars fondateurs, dans les coups, les haches, les rŽpŽtitions. Il y eut des ftes sanglantes. Ce sont toujours des sources-mres dĠo la mŽmoire nĠa pas ˆ tre retrouvŽe. LĠŽmersion de lĠastre dŽcide de la renaissance. LĠor des feuillages. La main est ouverte. La main est possible. Le fils de douleur frappe lĠimpossible, le consomme. Jamais de sol, la balle atteint lĠHeure. Du sort jetŽ, la panique, les extases. Si loin contre le mur quĠen est-il de lĠordonnancement et du dŽcompte ? Les pilotaris aux ballerines Žcrivent lĠinvisible Žpitaphe du peuple.

               Halener la langue commence de relever lĠŽnigme car les choses sont consŽquences des noms.

 

 

 

 

 

 

5.    (EKAINean EKAINgo ERAIKUNTZa)

 

 

 

 

1.   PassŽ le pont de pierre, on finit par tomber nez ˆ nez avec le palais mi-clos mi-dŽtruit de la Princesse Fleur. LĠHistoire nĠen a que trs peu retenu ; simplement que jamais elle ne sĠŽtait mariŽe, la maladie lĠemporta trop t™t.

               La lŽgende raconte quĠelle voua une entire passion aux chevaux qui entendaient son langage doux et secret – diabolique disent certains. Elle tissa dĠinnombrables tentures Žquines et toutes ont disparu aprs sa mort pendant un incendie. Nous Žtions en pleine Inquisition. On sait quĠelle composa de nombreuses chansons : les a-t-elle transmises  aux quelques potes errants quĠelle recevait ?

               AujourdĠhui encore quelques-uns savent et ne parlent quĠavec crainte et respect. Le village est devenu, sur lĠautre rive, un petit bourg industriel o ne vivent que des ouvriers. On semble avoir oubliŽ cette histoire. Le garde-champtre, qui mĠindiqua le chemin, refusa de mĠen dire davantage, prŽtextant mon ignorance de sa langue. CĠest de lui pourtant que je tiens une carte postale, o figure la reprŽsentation dĠun petit cheval peint sur la paroi de quelque caverne et portant la mention suivante : Liliaren zaldia.

 

 

2.   LĠhagiographie ibre recle des trŽsors ineffables. On y distingue des signes et des animaux singuliers et similaires ˆ ceux quĠon trouve jusquĠen SibŽrie orientale. Des savants rŽputŽs, des gŽomtres, et qui des philosophes ne se lĠexpliquent pas. Ë la science il nĠy a pas de temps sans le temps !  CĠest en juin et dĠun regard trs haut quĠon a vu se construire les temples modernes dŽdiŽs ˆ cette hagiographie pleine de fŽeries et de mystres irrŽsolus. On a vu des foules sĠy presser et des abandons. Rien nĠest plus malheureux quĠun MusŽe livrŽ aux ravages du temps. Des silences durs dans des cathŽdrales de bŽton. Nos origines fabuleuses laissŽes aux orties. Partout jĠai rencontrŽ ces masses prodigieuses, Žpoustouflantes architectures aux artes aigu‘s dŽchirant le ciel. Rien qui ne manque dĠune certaine sŽduction. Fascination des blocks et des droites et des guillotines. On y a des hallucinoses. Les architectes retranchrent et hennirent verd‰tres. Ils enfouirent, bŽnis, des glacis et des logiques dĠangle. Dans mille ans peut-tre, fouir avec des archŽologues et dissimuler more geometrico la question, son effroi son rire.

               Oh les ch‰teaux vides du ciel ! Des processions laotiennes dans la prle, blanches sous un parapluie noir, des nations Žquestres qui nous saluent. Oh les fresques chimiques, la parure bizarre des hypogŽes ! Je croisai Candela, une fille de nuit en surdose. Tintinabulrent des t™les, des cloches, des prŽhistoires livrŽes au mieux-disant culturel. Oh la fronde, la marche, la ritournelle !

Et le cri pourri des coqs nous Žveille : chaque jour rŽclame son clown coupŽ, sa joie hŽlio•de, sa petite aventure parmi les roses.

 

 

 

 

 

 

6.   EH-EA

 

              

 

 

Aux peuples vieux, les forges ! Serait-ce contre baleines et marŽes, ces peignes de vent ? Revenir avec des cheveux, des Žcharpes. JĠadorerai de nouveau lĠamour brutal des forces. La reconnaissance de la main pour la cinglante alliance du minerai, du feu, du souffle. Les peuples dĠesprit sont des peuples de main, ayant une dŽfŽrence innŽe pour le vide. Les paumes sont larges, dures, marteaux.

Toutes les mythologies nĠont pas le poids pesŽ des sculptures qui rgnent sur le domaine. Toutes les industries, toutes les guerres y ont lieu. Rien nĠest fini. Ni la geste de Gernika, ni les sicles derniers. Ni le jeu des places. Celles quĠon fait ˆ la hache. Elle sĠabat sur la mŽtaphysique avec la force de la mŽtaphysique.

JĠavais visitŽ, auprs dĠampoules Žlectriques nues, les dernires ombres dĠune race. (Un humaniste sort la tte du col.) Il y a du codage dans les immolations, du chiffre ˆ faire du c™tŽ tellurique. CĠest une ration. Leur culpabilitŽ porte le sens des dŽmesures, des gŽnies, des rŽsignations. Devenez sages, tragŽdiens. Ses hŽros sont gais, graves, jovials, et ont le gožt hellŽnique pour la flžte. Sur les murs publics, a refoule en silence ; la peinture contemporaine est dĠ"abstraction lyrique" car le cri est tu. Les lignes parfaites organisent les points ; les rŽgularitŽs sont mŽthodiques, les jardins trs propres, les allŽes rŽgulires, les baillons efficaces. Personne ne souffre de vŽritŽ historique. Nous manquons dĠŽtudes sŽrieuses, scientifiques. Des cartes furent dessinŽes ; des fleuves, des cercles furent aperus, des petits riens qui nous parlent. JĠavoue mon trouble. Ë ce rythme, la santŽ est stratŽgique.

NĠy a-t-il pas toujours un train en partance pour la Pologne ou pour lĠUkraine ?

Quarante mille ans de couleurs, de vie au grand air et de mains gratifiŽes de la chaleur des btes.

 

 

 

 

 

7.   COVADONGA

 

              

 

Il fallait tre ou fou ou sage pour se perdre dans les hauteurs de Covadonga. Qui se serait risquŽ dans les nuits et les brouillards – lĠEurope peut-tre ? SĠil y eut lˆ-haut ce sage, ce fou, cĠežt ŽtŽ – comme on leur prte – pour la contemplation : des illusions fascinantes et des fascinations illusoires, et lˆ, les corps de cette bataille perdue. LĠEsprit en marche !  Ë chercher lĠunion et lĠabolition des frontires, beaucoup espŽrrent, Žchafaudrent, marchrent, pŽrirent. Il y a ici et ailleurs assez de traces, de tombes pour dŽterrer le commencement.

               Dans lĠobscuritŽ blanche, la montagne sonne de ses cent vaches : nous y sommes, nous avertissent-elles depuis toujours. CĠest que la ModernitŽ rumine dans ces nuages les triomphes de mort, les idŽalitŽs en Žrigeant sa domination. Et comme nous le sommes  encore – pensant aux sagesses de sources, de fleuves, chasses, montagnes et glaces – modernes. Notre incompŽtence ˆ embrasser les larges immensitŽs, la complŽtude du premier pome du monde, dessine de splendides apories. La prŽcipitation ˆ mourir si vite dissimule le joli fait humain de finir. Quand les oies cendrŽes de SibŽrie, les troupeaux naturels, la dissŽmination graminŽe des figures sĠentassent en monographies vastes comme lĠ‰me ; le p™le se replie en somptueuses bibliothques radicales. Notre fonds : une jolie synthse horrible - la culture. Malevitch asiatique, les yeux ˆ Paris, a inventŽ la pure ic™ne. Et je la mets en regard de lĠab”me radial de la statuaire pyrŽnŽenne. LĠhistoriographe repousse lĠimpasse.

               Ë tous les Žtages, cĠest la mort qui inventa lĠEurope, ce nĠest pas, ˆ IŽna, lĠAbsolu qui passant ˆ cheval, sous mes fentres, le fit.

               Le berceau est un fleuve qui longe les rŽsidus dĠun pome qui sĠy baigne.

 

 

 

 

 

 

8.   CHANT THƒORIQUE   (BI ZALDI BELTZ)

 

 

 

Revenant dĠEkain et des palŽolithiques. Une ŽlŽgante et jeune Dame Noire : "Si vous ne me faites rire, qui se rira de nous ?"  Un pas emportŽ sur le c™tŽ, un pas Žtrange au bas des sensations ; sortir des ornements, des grottes, des parois ˆ lĠautre-temps du miroir. phora. Double porteur, tes huit grosses pattes frappent un mouvement sauvage dĠune immobile splendeur, camarde dŽfunte, HŽcate. Mon double semblable, animal hermŽneute, ma”tre voisinage, retire le masque. LĠos est mon nom. Douce solarisation des apparences, descendre, descendre. Je suis une putain de jument. Dors et ne te rŽveille pas : sois plut™t la "rŽalitŽ en voyage." Est-il des places possibles ?  Et jĠai laissŽ mon enclume en son site secret, lˆ o jĠai forgŽ le fer et la faim et le plombier mŽlancolique. JĠai des huiles, des terres noires trs humaines, quelques souvenirs de Bactriane : images, rŽcompenses, femmes, musiques.

Hizkuntza zure segeretua da, zure altxorra, hori da erran nahi zaitudana. Qui me donna ces graines dĠellŽbore pour finir en ŽlŽgie vivace o lĠamante est morte ? La m™me converse. La lumire est fissible, et les rŽalitŽs ennŽades. Miroir se reflte dans mourir. Carne Vale ! Descendre lˆ-haut. Royaumes mystiques des montagnes : mascarades, facteurs et prŽsentes. Le pintre pinturlure Gernika de son cintre car les potes ont espŽrŽ des guerres : le beau pome du  XXme  sicle ! Ce machin-chose de lĠhomme blanc, cĠest toi, ‰me fossile. LĠeuphorie grise. Les herbes sches encensent le soir.

Les heures exquises des Žtages de fleurs et dĠivresse : des garons-pollen, des sÏurs, des lumens. Corruption des couleurs, des deuils, des genres. Neige passagre du songe, orange blancheur des drapeaux vides. En venir ˆ copier le soleil, enclos viril, Žponge rouge de la terre. Les Žtamines de nuit : tu les projettes dans le champ pa•en et lent  de lĠŽtoile de ce pays-lˆ. Plus que je me souvienne, jĠavais coupŽ son cÏur et accrochŽ aux tiges, au Levant, ˆ lĠOccident, et ˆ toutes les proses du vent. HŽrŽsies amres, prestiges dolents, spirales des jardins.  Voici des Žpithalames aux armes de vacuitŽ ; fuir des pomes, des fronts tutŽlaires – ceux du peuple – sa mort, son fin mot, nos amours. Que je la ceigne, la laie livide, des renaissances, des artifices, que je lĠafflige du vrai dŽsir. Lasse des tortures dĠalambics, aurait-il fallut quĠelle dorm”t ?  Neige chue, scintillements des oliviers, un oui dans lĠŽclipse. O que jĠaille : violent plongeon des sens, limpides, abstraits, brefs, arides. Sur mon cheval, je me dŽlave en palimpsestes, je mange du Platon fumŽ et croise des provisions antŽdiluviennes, notre baume, notre danger asiatique. Sur les estives, les momies et les cols, Oiartzun et nos petites pierres. QuĠil dŽploie ses ailes sur le plan de lĠŽtendue, son sifflet au vol brisŽ, sa stridence dans mon nom. LĠossature essouffle, jusquĠˆ lĠextrme rŽclusion, les cavalcades silencieuses, histrioniques magies de muscles, de nerfs, dĠenthousiasmes.  Ainsi de lĠoracle bestial et des flžtes citriques de lĠAsie. Au retour tout me paraissait aigre, acide, bizarre, tricherie fade de lueurs trop claires. Un sourd battement de paupires me remonte des enfers.  Les degrŽs chauds des escaliers rŽciproques sĠŽtagent.  LĠarne incrŽdule surimpose des immensitŽs resserrŽes contre moi. Un passage impossible ˆ dŽcrire : lĠŽtendue, lĠŽtendue et nulle sortie pour lĠ‰me repliŽe au nord de sa survie. Les Žtats se syncopent, lĠhomme entre en vie. Se taire sur les Žcoles ; les thŽories ont cessŽ. Les choses sĠeffacent, on parle ngre enfin.

Les oies reviennent de si loin – quĠil mĠest plaisant de les revoir ! Les oies reviennent de si loin. Jamais les oies ne furent aussi belles – quĠil mĠest plaisant de les revoir ! Jamais les oies ne furent aussi belles.  Jamais plus les oies ne seront illusoires. Jamais plus les oies ne seront illusoires.

 

(Hizkuntza zure segeretua da, zure altxorra, hori da erran nahi zaitudana.)

 

 

 

 

 

 

 

9.   ƒPILOGUE : DISCOURS SUR LES CIMES

 

 

 

Nous saurons plus ou moins sortir. LĠesprit est une bile que les remords ont rendu saum‰tre, un os que lĠ‰me a dŽcalcifiŽ. Nous avons ŽtŽ Žblouis, aveugles sauvages ˆ demi nus, bržlŽs de dedans, intacts de dehors sauf les yeux. Chancelants et blmes, supŽrieurs en tout point, la dŽgringolade nous fit rire. Un cri fade ŽcÏurant transit le ciel, ŽnervŽ.  Sa rŽpŽtition gŽomŽtrique glaa. Ë force de retraits, le mutisme insista, nous disparžmes. LĠimpact gŽnŽrŽ des colres brusqua le chatoiement des couleurs, ce fut une dŽsuŽtude de soleil couchant. LĠŽclat, dieu dŽlaissŽ dans les corps, nous qui Žtions si fragiles. En contrebas les gravures, des millŽnaires dĠincises, en bas dans notre veine – sĠŽcoula le sang triste. Les btes, lointaines, nous pleuraient des mystres, nous semi-nuages errants dans nos cŽnotaphes aŽriens, citadelles dŽlabrŽes de notre futur ; ce furent nos ailes chargŽes des masses Žnormes de la dure cire des hommes.

Les Bienheureuses dans leur souffrante tendresse nous exilaient dans ces dŽcombres. Je savais quĠelles ne comprendraient pas. La grandeur dĠ‰me des vivants ne sĠaccorde pas ˆ la poŽsie. La catastrophe solaire est anecdote : nous Žtions fous pour chanter sa chute, dŽplorer sa gloire misŽrable. Nous tra”nions dans les environs des astres une solitude totale, une dŽcadence dans la fureur. LĠidŽe dĠhomme nĠeut plus cours. Le lamento, le fracas des plantes, suave musique pour toute consolation. Une lŽgre brise dĠapocalypse dŽnouait nos cheveux. Le temps quitta les rythmes. Heureux dans le silence du monde qui se renversait comme un Ïil. Il crachait ses neumes folles ˆ travers les quatre cents sicles de la vallŽe ; les btes imposaient leur silence, leur style, tout notre effacement... Une terreur misŽrable que nous ne pouvions contenir pŽnŽtrait le fleuve lumineux lˆ o les morts splendides courraient.  Comme la mort para”t ancienne dŽjˆ ! IrrŽelle ˆ  cause des ors, des jaunes bruns ou fauves, des rouges mordorŽs. Une tendresse infinie nous recouvre. HŽtairie fantasque ˆ lĠre de la discrŽtion. Haute rŽversion des mendiants transfigurant lĠombre. "Inhabitable, un monde" – il dit. "Pleurer sans visage, des fleurs" – il dit. Une chvre blessŽe vint pleurer dans ses bras. La fusŽe dans lĠazur infusait sa plŽnitude. Notre dŽsarroi hautain jetait dans les vallŽes des lucioles de hafnium ; le ridicule, nous le hissions en majestŽ. CĠest ainsi quĠon fait des hŽros foutus.

Nous Žtions des aŽronefs tremblants sur cette plate-forme au bord du monde. Silencieuse, notre conversion ˆ la joie fit face au Tournant. Tant cette lumire blanche Žtait impossible. Na•fs, rien ne nous semblait plus beau. LĠincandescence vierge exaltait notre appŽtit de haine joyeuse, nerveuse. Elle manifestait sa plus cruelle irradiation : lĠabsence pure.

Les pales dĠIcare tournaient leurs inflexions rotatives. Nous jetions nos Žlans ˆ cette dŽrŽliction dĠhommes nus.  Destin ŽnuclŽŽ, nous le dansions dans les derniers rŽsidus dĠoffrande. Brutes divines dŽposŽes au-dessus du danger, rien ne put entraver notre survie au cÏur de lĠenfance. Nous sommes les derniers. Ceux qui de nouveau arrivent.

Il y avait bien un chÏur criard qui louangeait quelque part. Toujours une trompette pour relayer les espŽrances populaires. Trs t™t aurait-il fallu prendre le parti des Mongols. Prendre refuge lˆ, sur les chaires, dans les bunkers rivŽs aux falaises. Argonautes ainsi abandonnŽs ˆ nos dŽlices, colres, dŽsespoirs, pensŽes, enfances troublŽes. La bienveillance explosa.

Il glissa dans les craquelures des ciments nos dernires esquilles dĠos et dĠautres sous sa peau. Plus que jamais le fleuve aveuglant miroitait. 

 

Ds le dŽpart, nous Žtions en dŽroute. Partez chercher lĠidiotie, sans compter que nous nous ressemblons.

LĠangle et la rotation reconstruits : nous sommes innocents.

 

 

 

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